Wilhelm von Humboldt
Une brève présentation de l’auteur :
Wilhelm von Humboldt nait le 22 juin 1767 à Postdam dans une famille de petite noblesse et meurt en 1835 au château familial de Tegel, non loin de Berlin. Après quelques mois passés à Francfort sur l’Oder, il s’inscrit avec son frère Alexander en 1787 à l’Université de Göttingen où il commencera des études de droit et de lettres classiques. Cette Université, qui à l’époque était rattachée à la couronne d’Angleterre baignait dans une atmosphère de grande tolérance intellectuelle et dans les idées du parti Whig dont Edmund Burke était le chef de file.
Lorsqu’en 1789 éclate la Révolution française, Humboldt court à Paris assister aux « funérailles du despotisme français. » Il en reviendra fasciné par ce qu’il a vu et persuadé de l’importance historique de la Révolution française. Bien qu’il croie aux idéaux révolutionnaires, il ne pense pas qu’ils puissent être réalisés par les révolutionnaires eux-mêmes ; ceux-ci ayant selon lui une approche anhistorique et inorganique des faits. Humboldt n’est pas un révolutionnaire mais s’inscrit dans une tradition réformatrice (influencée par les idées anglo-saxonnes et les écrits de Kant), plus efficace et plus en harmonie avec l’état de la civilisation : la révolution bloquerait le développement des individus, retarderait l’évolution sociale naturelle et bloquerait l’individu dans un ordre déterminé.
En 1792-1793, à l’âge de 25 ans, il écrit son ouvrage politique majeur, un des plus marquants de la pensée libérale Allemande que nous vous présenterons dans un travail qui sera mis en ligne prochainement, l’Essai sur les limites de l’action de l’État. De 1797 à 1799, il fait un second voyage à Paris durant lequel il assistera aux séances des assemblées du Directoire, pouvant mesurer le fossé existant entre la pensée kantienne et celle de la Société des Idéologues. Il partira ensuite aux Pays Basques pour en découvrir la langue et la culture mettant au jour avec près de cent cinquante ans d’avance les principes de la description linguistique moderne. En tant que fonctionnaire, il sera jusqu’en 1819 au service de l’État Prussien, comme diplomate (notamment ambassadeur en France, au Saint Siège (1802-1808), à Londres…) et comme homme d’État. En février 1809, il est nommé chef du Département de l’Éducation et de l’Art au ministère de l’Intérieur de Berlin ; c’est à ce poste qu’il effectuera des réformes universitaires de fond (les gymnasium) qui resteront en vigueur jusque dans les années 1960.
Après avoir eu une grande influence au sein du gouvernement (il participa au Congrès de Vienne de 1814), il donne sa démission an 1819 en raison de son opposition aux idées réactionnaires qui prévalaient. Sa pensée, originale, est une pensée de l’individu irréductible à l’État, une éthique de la culture de soi par soi, la Bildung.