Proto-philo : présentation de la revue Opium Philosophie
Compte-rendu de la séance Proto-philo du 16/11/2016 par Marc Goetzmann, rédacteur-en-chef pour Implications Philosophiques.
[learn_more caption= » » state= »open »] Lors de la séance Proto-philo du 16/11/2016, plusieurs collaborateurs de la revue Opium Philosophie étaient invités à présenter leur publication par la bibliothèque Cuzin de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et la librairie Vrin. Implications Philosophiques a assisté à cet événement, dont vous trouverez aussi ici l’enregistrement vidéo. Étaient présents Diane Delaurens, auteure de l’article « A la recherche du temps urbain », Armand Brac, illustrateur pour l’article « La voix de la ville », Jonathan Buhot Delaunay, rédacteur en chef de la revue numéro 4 – 2016, intitulée « Les Voies de la ville », et enfin Lucas Dusserre, membre de l’actuel comité de rédaction de la revue. Cette présentation est partiellement inspirée des propos de ce dernier.
Opium Philosophie n’est pas qu’une revue, il s’agit d’une association aux activités diverses, incluant entre autres la publication annuelle d’une revue thématique, mais aussi l’organisation de débats, d’événements culturels, la tenue d’une radio etc. Même si ses membres sont tous des étudiants, venus de différentes universités et écoles (la revue a été fondée en 2012 au sein de Sciences Po), l’objectif de la revue est dans la droite ligne de celui de l’association : sortir la philosophie du cadre strictement « académique », et en faire davantage l’occasion d’une pratique centrée sur l’échange, en intégrant les contributions d’étudiants venant de divers horizons. De fait, Opium n’est pas une revue universitaire au sens traditionnel et n’a pas l’ambition d’en être une, et n’aspire en aucun cas à être une publication scientifique. Les articles ne se cantonnent pourtant pas à être de simples opinions, et sont sélectionnés en fonction de la richesse de leur réflexion, toujours nourrie d’une expérience, et relus avec rigueur et avec le temps nécessaire par le comité de rédaction.
Cette formule a rencontré un succès certain, et Opium est diffusée dans de nombreuses librairies de Paris, et possède un site internet très actif. Si certains pourraient regretter le manque de scientificité de la revue, qui de fait est rédigée par des « amateurs » dont l’équipe est, qui plus est renouvelée chaque année, on pourrait leur répondre qu’ils n’ont tout simplement pas compris la nature de l’objet qu’elle représente. De fait, Opium Philosophie est davantage un regroupement d’essais philosophiques, certains plus « littéraires » que philosophiques, d’autres à caractère davantage politique, répondant à une thématique prédéfinie. Le nom de revue n’est d’ailleurs peut-être pas le plus adapté, tant il charrie avec lui l’idée d’une certaine forme de publication, et d’un certain « sérieux » universitaire.
En réalité, Opium apparaît davantage comme un magazine, un beau magazine, qui donne la parole à des étudiants afin qu’ils s’expriment, dans un pluralité de point de vue assumée, sur des sujets qui ne sont pas nécessairement académiques. La « nourriture », le « jeu » et la « ville » sont en effet les thèmes des précédents numéros. L’art y est omniprésent, à tel point que chaque article est pensé autour d’une collaboration, organisée par la revue au sein d’un intense workshop, entre un artiste et un auteur. On ne trouve donc pas dans Opium Philosophie de simples « illustrations » qui seraient adossées à des articles : le travail de l’artiste et celui de l’auteur se nourrissent mutuellement, et le déploiement d’une pensée s’accompagne d’une œuvre graphique qui vient l’incarner.
Malgré leur « engagement » en tant qu’association, les membres d’Opium Philosophie n’ont pas vocation à constituer un « collectif », à être militants, et n’ont pas réellement de manifeste au sens strictement politique du terme. Ils veulent avant tout susciter le doute, comme l’annonce leur site internet, loin de tout esprit de système, mais en proposant malgré tout une pluralité de réflexions théoriques. Il semble cependant qu’un même esprit anime ses membres et ceux de leur association au sens large : donner une forme vivante à la pensée, qu’elle soit strictement philosophique ou pas, dans un environnement où elle manque parfois de vitalité. Il s’agit alors, pour les étudiants qui participent à leur revue comme pour leur public, de pratiquer une forme de « décloisonnement » qui se répercute dans les autres activités de l’association sous une forme spatiale, plus fluide que les caractères imprimés. C’est probablement sur cette ligne éditoriale minimale, qu’Implications Philosophiques et Opium Philosophie se retrouvent, celle d’ouvrir un espace d’expression pour qu’un monde commun s’y dessine, malgré les formes différentes que cette entreprise peut prendre dans nos deux publications.