Conclusion
Par Nolwenn Picoche. Vous pouvez réagir ici.
Mots-clés : nature contre culture, conte philosophique, définition de l’homme.
La question « qui sommes-nous ? » est probablement aussi vieille que l’humanité. Mais de quelle humanité parlons-nous ? Les hommes de Neandertal font-ils partis de cette humanité ? Ils font partis du genre Homo pourtant intuitivement cela nous est difficile de les reconnaître comme des hommes tels que nous. Au lieu de poser un ouvrage directement sur la définition de l’homme Vercors a décidé d’écrire Les Animaux dénaturés. Nous pourrions dire qu’il s’agit d’un roman philosophique puisqu’à travers un récit fictionnel l’auteur nous fait un résumé des principaux problèmes relatifs à la définition de l’homme tout en s’appuyant sur des thèses plus proprement philosophiques. La définition retenue par les protagonistes de Vercors sera critiquée par des journalistes. Un des personnages explique que nous ne saurons vraiment jamais comment définir l’homme mais que nous pouvons continuer à en débattre :
(…) la simple existence d’un désaccord est la première preuve, et que la vérité des choses nous est refusée (sinon sur quoi pourrait-on être en désaccord ?), et que nous la recherchons malgré tout (sinon que discuterait-on ?). Or c’est quand même, en définitive, toute insuffisante et ambiguë qu’elle soit, ce que la loi exprime.[1]
Le problème d’une définition est que nous utilisons des nouveaux termes afin d’en définir un autre. Quand ces termes sont simples et possèdent une définition claire et acceptée par tous alors la définition du premier terme ne pose pas de problème particulier, à part éventuellement sur le lien logique entre les termes. Pour la définition de l’homme, tous les termes qui vont être utilisés sont problématiques et sont eux-mêmes au cœur de nombreux débats. Cet exposé donne un bref aperçu des grandes définitions de l’homme qui ont été exposées au cours de l’histoire. Il en existe de nombreuses autres. Peut-être l’homme est-il un condensé, un mélange de toutes ces caractéristiques (prises dans des sens qui peuvent être différents) ? Pour certains la caractéristique propre de l’homme est le questionnement sur soi-même, sur ses origines, sur son avenir. Les animaux ne se poseraient pas toutes ces questions mais qu’en savons-nous réellement ne pouvant pas « entrer » dans leur esprit ?
Les tropis inventés par Vercors sont finalement reconnus comme étant des hommes. Pourtant physiquement ils ressemblent plus à des grands singes, ils ne disposent pas d’un langage aussi complexe que ceux que nous trouvons dans les sociétés humaines et possèdent ainsi de nombreuses caractéristiques qui les rapprochent des animaux. La raison pour laquelle ils sont humains est qu’ils font fumer leur viande afin de la purifier non pas pour le goût ou pour éliminer des germes toxiques mais pour des raisons de croyance. A l’époque des Animaux dénaturés nos connaissances étaient moins avancées sur le plan anthropologique. Mais la question demeure : toutes les créatures appartenant au genre Homo sont-elles des hommes ou seuls les Homo sapiens sont des hommes ? Ce problème est au cœur de nouveaux débats comme sur l’idée de crime contre « l’espèce humaine ». Intuitivement cette idée montre que ne sont Homme que les Homo sapiens étant donné que nous parlons « d’espèce humaine », seulement, scientifiquement, ce terme ne renvoie à rien. Peut-être n’avons-nous pas le recul nécessaire pour trouver la définition de nous-mêmes ? Ce qui est sûr c’est que les hommes continueront à s’interroger sur ce qu’ils sont et d’où ils viennent.
[1] Idem, p.214.