La reconnaissance
Etude de la reconnaissance comme fondement de notre rapport au monde
Bien qu’étudié, le phénomène de la reconnaissance n’est pas à proprement parler l’objet d’étude d’Honneth dans La réification : l’auteur nous livre en premier lieu une réflexion sur la notion de réification. Pour autant, ses propos nous donnent un réel enseignement sur la nature de la reconnaissance en ce que la réification est étudiée sous un angle critique, non pour tenir un discours ne laissant plus aucune place à une certaine humanité, mais pour proposer au lecteur une dimension émancipatoire, permettant d’échapper au phénomène de la réification. C’est la raison pour laquelle Honneth se démarque d’Adorno ou de Weber dont les théories mènent à une deshumanisation inéluctable. Il faut dire que si Honneth, tout comme ses interlocuteurs, se place dans le contexte d’une société capitaliste, sa théorie dépasse largement ce cadre politique et économique pour se situer à un niveau plus universaliste où la réification devient le symptôme d’un rapport à l’autre (personne, objet ou soi-même) perverti.
Le discours sur la réification est donc une manière pour Honneth de penser la reconnaissance dans ce qu’elle a de plus fondamental et dans une dimension presqu’anthropologique – sinon pleinement anthropologique nous le verrons – en plus de son ancrage conceptuel.
La série d’articles que nous présenterons cette semaine a pour tâche, en s’appuyant en particulier sur les chapitres 3 et 4 de La réification, de montrer en quoi, déjà dans cette œuvre, nous pouvons trouver quelques éléments essentiels à la constitution d’un paradigme fondateur des relations humaines et de la connaissance. Ces deux chapitres seront donc étudiés à la lumière des textes de Honneth lui-même et d’autres philosophes avec lequel il dialogue, ou non. Il s’agit pour nous de nous interroger sur la portée d’une telle théorie de la reconnaissance médiatisée par une étude de la réification, d’étudier la manière dont le discours tenu dans la Réification nous amène vers une ontologie de la reconnaissance, qui analysée de manière immanente au sein du système capitaliste se voit universalisée pour atteindre une perspective transcendante à la nature humaine.
Pour cela, nous reviendrons rapidement sur le contexte dans lequel la pensée d’Honneth s’inscrit, en posant les premiers jalons anthropologiques qui nous permettront ensuite de préciser les bases argumentatives d’une théorie plus universaliste telle qu’on peut la trouver dans La société du mépris par exemple.
Marine Dhermy
A venir :
Nature et origine de la reconnaissance
La reconnaissance, fondement de notre rapport au monde
Conclusion et perspectives