Le droit des robots
Par Olivier Sarre
La puissance technique de l’homme moderne lui permet de réaliser pleinement son programme de domination du réel, et là où ses limites apparaissent, il se remplace par le robot et l’Intelligence Artificielle. L’essor de la robotique et la tentative d’établir une charte du droit des robots participent de caractéristiques propres à la modernité et ne peuvent être compris qu’en rapport avec elles. La manière nouvelle dont l’homme peut se comprendre détermine son rapport à la science et donc cette dernière doit s’adapter aux nouveaux impératifs de l’humanité. Ainsi elle doit d’une part réhabiliter l’idéologie qui la précède et d’autre part rasséréner les individus quant à son pouvoir.
La volonté d’établir une charte du droit des robots participe certainement de ce double élan. Cependant, il est assez difficile de déterminer de quoi il est réellement question dans ce projet. S’agit-il de défendre ou de poser la dignité du robot face à celle de l’homme ? Ou d’imposer celle des humains aux robots ? S’agit-il tout simplement de formuler un ensemble de lois pour réguler la robotique future et le comportement des robots ?
Pourquoi envisager une telle charte alors que les robots sont encore très peu présents dans nos vies quotidiennes ? Lorsqu’on examine le rapport de nos sociétés à la technique, on constate que celle-ci est devenue omniprésente, au point qu’on en vient à s’interroger sur la définition de la nature humaine. De plus, l’utilisation qui en a été faite lors du siècle dernier a créé une peur profonde de sa puissance de destruction. L’homme actuel doit repenser la nature à la fois de son activité technique et de l’humanité dont il fait parti. Mais ces questions n’ont pas encore trouvé de réponses pleines, et c’est selon ces interrogations et ces évolutions intellectuelles qu’il faut analyser la tentative actuelle d’établissement d’une charte du droit des robots.