Actualité de Blumenberg
S’il était encore besoin de prouver que Blumenberg est un philosophe devenu incontournable pour comprendre le monde d’aujourd’hui, il serait possible de signaler la tenue récente d’un colloque de recherche franco-allemand consacrée à l’homme, en plaçant les questions de transhumanismes au cœur de la pensée anthropologique.
“que peut nous apporter l’anthropologie, comprise au sens d’une conception philosophique de l’Homme aussi bien que d’une science empirique ? Quels sont les auteurs, les textes, les théories et représentations qui ont été et sont en jeu pour la représentation que l’homme se fait de lui-même ?”
Pour ceux qui ont manqué le dossier consacré à Blumenberg il est possible de retrouver l’ensemble des entretiens, recensions et articles ici :
[box type= »download »] Blumenberg : entre métaphores et anthropologie. (2013)
Dans ce dossier, vous pourrez retrouver en particulier l’entretien que nous a accordé Denis Trierweiler, spécialiste et traducteur en France de ses œuvres. Cet entretien, visant à mieux connaître la personnalité et l’œuvre de Blumenberg fut également l’occasion d’aborder les différentes correspondances de Blumenberg, notamment celle avec Carl Schmitt et Jacob Taubes
“à propos de Schmitt, il semble évident que Blumenberg est en lutte avec ses idées et pourtant sa présence est importante dans l’œuvre de Blumenberg.
Denis Trierweiler nous invite à
“regarder la correspondance avec Schmitt qu’il est allé lui-même provoquer, tout le monde s’y est trompé. Les gens ont commencé par dire « Ah tiens Blumenberg va chercher Carl Schmitt ». Et les schmittiens étaient ravis – évidemment. Mais ce n’est pas du tout comme ça que les choses se passent. Parce que dans cette correspondance, il essaye de le pousser dans ses retranchements, mais ce qui apparaît c’est que, du côté de Schmitt, rien ne vient. Cette correspondance est d’une politesse outrancière, ce qui fait qu’il y a une forme de quasi-sadisme dans cette correspondance et dans d’autres relations qu’il entretient. Je pense à quelqu’un comme Taubes. On devrait avoir la correspondance un jour ou l’autre, Blumenberg-Taubes, mais je pense que ça va nous en apprendre de belles. Taubes était un personnage étrange, juif qui va à Plettenberg pour avoir des discussions de fond avec Carl Schmitt.”
A l’occasion de la sortie aux éditions Faust, de l’étrange correspondance que Blumenberg entretint durant 20 ans, (de 1961 à 1981) avec Jacob Taubes, Hans Blumenberg, Jacob Taubes Briefwechsel 1961–1981 – und weitere Materialien
Enno Rudolph revient sur leurs échanges, estimant qu’en Blumenberg, Taubes avait trouvé son maître. Sociologue des religions, Taubes fut un grand lecteur d’auteurs aussi contrastés que Carl Schmitt ou Walter Benjamin. Peut-être faut-il chercher dans la correspondance raté avec Carl Schmitt les raisons de cette intense correspondance que Hans Blumenberg eut avec Jacob Taubes.
L’occasion aussi de découvrir l’une des rares photographies de cet auteur particulièrement secret sur sa vie privée.
Pour les lecteurs de la langue de Goethe, qui souhaiterait approfondir et croiser les regards sur ce que cette correspondance peut nous apprendre, nous vous signalons également cet article intéressant de Martin Meyer intitulé Blumenberg und Taubes im Briefwechsel
Thibaud Zuppinger – Curapp