Ethique, rationalité, post-humain
Par Guillaume Gallais.
« Seul l’homme serait digne d’une considération éthique de premier plan ». Cherchant à sonder l’une des justifications classiques de ce statut spécial de l’homme, comme disposant d’un degré de rationalité supérieur, ce travail de recherche de Guillaume Gallais tente de montrer que cette stratégie d’exclusion des non-humains hors de l’éthique paraît toutefois échouer.
En effet en l’adoptant, on aboutit à une alternative néfaste pour l’objectif initial. Il faudrait ou bien renoncer à une éthique limitée à l’humain, ou bien décentrer la morale de l’homme au profit d’êtres qui lui seraient supérieurs. C’est ce parcours, d’un argument visant à maintenir le statu quo éthique à ses conséquences paradoxales, que ce travail de recherche se propose de tracer ici.
L’analyse s’intéressera à un argument en particulier : le statut moral de l’homme était particulier, et on étudiera l’une des façons de le légitimer : « L’homme mérite une attention éthique supérieure et dispose d’un pouvoir légitime sur les animaux car il possède la raison, contrairement à eux». Cette approche sera désigné par la suite comme « argument de la rationalité ».
Cependant, l’idée n’apparaît ni subtile ni évidente. D’abord, parce qu’elle évoque un pouvoir sur les animaux dont les limites sont loin d’être explicites. Ensuite, parce qu’elle affirme une exclusivité humaine de la raison qui semble aujourd’hui contredite par les données scientifiques.—
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C’est une bonne idée de faire référence à des films pour aborder ces questions. D’autant qu’il est évident que la philosophie a pris beaucoup de retard à propos de la bio-éthqiue, en laissant tout le monde faire n’importe quoi et des expériences en tout sens.
Il n’y a plus que les films et la SF pour tirer la sonnette d’alarme et avertir les gens de ce qui se passe.
La SF a eu le mérite de populariser de nombreux éléments qui posent des problèmes philosophiques intéressants, et/ou nous contraignent à re-travailler nos cadres de pensées (I.A, cyborg, mutations, etc.). Jusqu’ici, on pouvait plus ou moins les écarter ces éléments parce qu’ils semblaient plus relever de la « fiction » que de la « science ». Aujourd’hui ils basculent de plus en plus dans la seconde (à divers degrés, et souvent pas comme l’imaginaient K. Dick ou Asimov). Ce serait un tort que de ne pas exploiter les images et les idées que la SF nous a légué : même si on doit montrer ce qui est réel et ce qui reste fictif dans ces images, elles permettent d’introduire des problématiques de façon plus accessibles – et plus attrayantes. A ce niveau le cinéma d’anticipation et de SF, même s’il reprend souvent de la littérature, a le mérite de rendre très visible ce type d’éléments. Il y a quelques références en bibliographie, on pourrait y ajouter « Souvenirs à vendre » de K. Dick, et des films comme Soleil Vert, La planète des singes (1968), ou Total Recall.